C’est dans la magnifique Salle des Illustres au Capitole de Toulouse que s’est tenue le 8 juin la Séance Solennelle d’Été de l’Académie du Languedoc en formation plénière, sous la présidence de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, représenté par son adjoint à la culture.
Au cours d’un éloge adressé à mon co-auteur Guillaume Pouderoux – ancien commandant de bord de l’Aéronavale et aujourd’hui pilote au sein du Groupe Air France – et moi-même, l’académicienne Maryse Carrier a félicité « les péripéties d’un thriller haletant où chaque fin de chapitre plonge le lecteur dans un suspense permanent. Son souffle épique sert de prétexte à une démonstration géopolitique implacable destinée à secouer les consciences, à susciter un sursaut de l’humanité. » https://academiedulanguedoc.fr/prix-litteraire/
Un prestigieux prix littéraire
Puis nous avons reçu des mains du Secrétaire Perpétuel de l’Académie la distinction la plus prestigieuse qu’elle délivre chaque année : Le Grand prix littéraire de l’Académie du Languedoc et de la Ville de Toulouse.
Il s’agit d’un immense honneur car l’Académie du Languedoc est une société savante qui distingue, entre autres, les artistes méritant d’être mis à l’honneur sur les plans littéraires et culturels. Elle perpétue ainsi la tradition de la plus ancienne Académie de France, l’Académie des Jeux Floraux fondée à Toulouse en 1323, qui avait honoré en leur temps Ronsard, Voltaire, Hugo, Vigny et Chateaubriand. Cette compagnie est d’ailleurs considérée comme la plus ancienne société littéraire vivante du monde occidental, car l’Académie française ne fut fondée qu’en 1634…
Des modèles particulièrement inspirants
« Freight dogs » est un thriller haletant qui nous immerge dans le quotidien des pilotes de l’extrême volant dans l’Arctique. Sa lecture a naturellement fait écho dans le Languedoc, terre d’élection de l’industrie aéronautique française. Comme le soulignait dans sa préface Virginie Guyot, ex-pilote de chasse, puis ex-leader de la patrouille de France et toujours la seule femme au monde à avoir dirigé une patrouille acrobatique nationale : « Nous avons tous besoin de modèles qui nous inspirent. Pour ma part, ce sont les pilotes de l’Aéropostale qui ont été mes références en donnant leurs lettres de noblesse au beau métier de pilote. »
Inspiré lui aussi par ces pilotes mythiques que furent Saint-Exupéry, Mermoz et Guillaumet et qui ont décidé de sa vocation, le héros du roman ne pouvait que se réjouir du beau symbole de cette remise de prix : De l’autre côté de la place du Capitole, on apercevait en effet la façade de l’Hôtel « Au Grand balcon », à l’époque simple pension de famille où étaient hébergés les pilotes et les mécaniciens de la célèbre compagnie.
Une thématique qui interpelle chacun d’entre nous
Mais au-delà de l’honneur qui m’est fait des qualités littéraires qu’exprime cette distinction, c’est la thématique-même de l’histoire qui me tient à cœur.
Dans la nuit polaire, au cœur de la tempête du siècle, le pilote d’un avion-cargo survole l’Arctique pour une mission-suicide humanitaire, lorsqu’un sabotage l’oblige à se poser sur un morceau de banquise à la dérive. Qui cherche à le faire échouer ? Et se laissera-t-il submerger par le souvenir enfoui d’une lourde faute qui le culpabilise ? Inspiré par ses modèles qui ont suscité sa vocation, les pilotes de l’Aérospatiale confrontés aux rigueurs du désert et de la Cordillère des Andes, il entame alors une émouvante résilience forgée dans sa résistance à l’adversité. Le livre lève le voile sur les convoitises que la fonte de la banquise suscite chez les États développés, avec une hypocrisie et un cynisme effarants.
Les causes et les conséquences du réchauffement climatique qui nous menace ne font que renforcer l’esprit épique de ce roman et nous interrogent personnellement sur l’attitude à tenir pour tenter d’enrayer ce phénomène et essayer de construire ensemble un monde meilleur.
Car, comme l’écrit Saint-Exupéry dans « Vol de nuit » : « Dans cet océan de ténèbres, les rares lumières signalent le miracle d’une conscience ».
Bernard Deloupy