L’addiction, s’il vous plaît !

image d'une roulette de casino

Le temps que vous acheviez de lire cette phrase[1], 10 nouveaux Français viennent de s’initier à un jeu d’argent, dont 3% plongeront dans l’addiction. Moins visible que les autres, cette dépendance insidieuse représente un véritable fléau pour eux, leur entourage et la société tout entière. Inspiré de la véritable histoire du plus gros joueur de France, un livre-choc témoigne de l’engrenage infernal dans lequel peut se faire broyer l’un de nos proches et ébauche des solutions salutaires pour en prendre conscience et en sortir.

 Un constat alarmant

Près d’un adulte français sur deux joue au moins occasionnellement à un jeu d’argent. Estimé à plus de 600 milliards de dollars par an[2], le marché mondial des jeux de hasard enregistre de nouveaux records chaque jour, notamment sous la pression des paris sportifs en ligne qui ont explosé depuis la crise sanitaire durant laquelle on ne pouvait plus se rendre sur les lieux de compétitions. Pour le Docteur Dr Faredj CHERIKH, Chef du service d’addictologie du CHU de Nice, « C’est une véritable bombe à retardement qui impacte tout leur entourage et risque de faire imploser notre société car les gens gèrent l’ennui et le stress à travers des comportements addictifs ». Selon une étude récente qu’il vient de mener sur les conduites addictives, 96% de la population ont consommé des écrans de tous types lors des confinements de la Covid-19. Et 20% concernent les jeux d’argent en ligne.

Les accrocs entament une longue descente aux enfers, jalonnée de mensonges, de trahisons, de démissions, de violences et d’infractions de tout genre. Ils font progressivement le vide autour d’eux, se ruinent, perdent leur famille, entraînent leurs proches dans leur chute et finissent souvent par commettre des actes délictueux.

Un engrenage diabolique

Sous la pression et l’inventivité des bookmakers alléchés par cette clientèle juteuse, on peut miser sur le vainqueur, chaque participant, le score exact, les résultats en cours de déroulement de la compétition etc… ce qui multiplie le nombre de chances de réussite et accroît l’incitation. On ne se rend pas compte de ce qu’on dépense sur ces plate-formes virtuelles, il suffit de cliquer. Dans l’histoire de beaucoup de joueurs il y a eu au moins un gain, qui maintient l’illusion de pouvoir gagner encore plus.

Ce risque de décrochage est entretenu par le cynisme d’intérêts financiers considérables : celui de l’État, tout d’abord, le plus gros bénéficiaire du système comme toujours, mais également celui des opérateurs de jeux, toujours plus créatifs. Les publicités sont devenues tellement accrocheuses que l’association Addictions France réclame une Loi Evin du jeu qui les interdise, au même titre que l’alcool et le tabac. Car l’imagination des joueurs est sans limites pour réussir à contourner les règles. Notamment celle des plus jeunes, davantage désinhibés que leurs aînés.

Les mineurs sont les premières victimes

Hyper-connectés, ils ont augmenté leur consommation de jeux en ligne car ça fait partie de leurs codes, de leur langage dans les quartiers ou les écoles. Ils y trouvent un côté transgressif qui est inquiétant. Et la promesse d’un gain facile. Dopé par l’excitation de la perspective de gain, leur cerveau est stimulé par la dopamine, l’hormone du bonheur qui se fixe sur certains récepteurs et déclenche des sensations positives. Or, au cœur de l’activité mentale, le circuit de la récompense oriente tous les comportements. Notre centre du plaisir a besoin de stimuli de plus en plus fréquents pour activer la libération de dopamine. Le jeu d’argent devient donc une drogue.

Si ce phénomène frappe surtout les jeunes, c’est qu’un cerveau humain ne finit sa maturation qu’à 25 ans pour que le cortex frontal puisse arriver à l’état adulte. Pendant la puberté, les structures cérébrales ne régulent pas encore le processus d’inhibition qui régule le bouillon émotionnel. Elles peuvent donc être plus facilement altérées et cela peut engendrer des troubles cognitifs de la mémoire, des déficits de l’attention, de la concentration qui, malheureusement, peuvent être irréversibles.

Des raisons d’espérer

Inspiré librement de l’histoire vraie d’un jeune chef d’entreprise azuréen qui a été le plus gros joueur de France, un ouvrage évoque cet implacable engrenage. Mais surtout l’histoire d’une magnifique remontée, à force de volonté, d’appuis et de bienveillance de ses proches. Une belle leçon d’espoir et un émouvant récit qui témoigne qu’il n’y a pas de fatalité, juste des défis à relever.

J’espère sincèrement qu’il apportera au lecteur des clés de compréhension et qu’il contribuera, pas sa médiatisation, à éclairer le débat public.

Découvrir le livre ADDICTION

Bernard DELOUPY

[1] Source : Planetoscope

[2] Source : Business Research Company, 9 juin 1920

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